Interviews

Les secrets de Superman Returns (Allocine.fr) (00/00/0000)

Les secrets de Superman Returns (Allocine.fr)

C'est le jeune Brandon Routh qui a reçu l'honneur d'endosser le célèbre costume rouge et bleu du super-héros. Rencontre avec ce jeune acteur appelé à devenir le nouveau visage de l'homme d'acier pour les prochaines années à venir.

Christopher Reeve s'était inspiré de Cary Grant dans "L'Impossible Monsieur Bébé" pour interpréter Clark Kent. Etes-vous, à votre tour, inspiré de la prestation de Christopher Reeve ?
Brandon Routh : Oui j'ai bien évidemment été influencé par la prestation de Christopher Reeve. C'est une référence pour nous tous. Cela se ressent dans l'écriture, dans la relation entre Clark et Superman. Clark est le centre de tout, c'est lui qui permet à Superman ou Kal-El d'avoir une connexion avec le reste du monde. Clark est Superman. Je pense que par moment ce n'est pas seulement un déguisement. C'est aussi quelque chose qui l'amuse. C'est une partie de lui, tout comme Clark ou Superman font partie de moi. J'ai entendu comment Bryan Singer décrit Clark et Superman. Parfois c'est le portrait craché de Christopher Reeve et à d'autres moments le mien. Il est difficile pour moi de juger ceci, alors je me fais ma propre idée.

Bryan Singer vous laissait-il voir vos rushes ?
Oui, il m'a autorisé à voir tout ce que je voulais regarder. C'était vraiment très utile pour tout ce qui concernait les scènes où je suis en Superman et celles où je vole. Parce que sur le plateau, je ne vole pas réellement. Je veux dire que je ne suis même pas retenu par des câbles ou autre. En réalité, je me tiens sur une boîte ou je fais d'autres choses encore plus étranges. Donc afin de me faire une idée claire de ce que cela donne à l'écran, je regarde les rushes et les scènes une fois qu'elles ont été montées et que les effets spéciaux ont été rajoutés. Et pour les scènes où j'incarne Clark, j'aime voir la réaction des autres par rapport à mon jeu. Par moment, je suis tellement dans mon personnage que j'oublie que je ne fais que jouer.

Pouvez-vous nous parler des changements que le rôle de Superman a apporté dans votre vie ? Vous passez d'un seul coup du statut d'inconnu à celui d'acteur dans une "super production". Tout comme pour Christopher Reeve qui a vu sa vie complètement changer après ce rôle.
Je ne me laisse pas submerger par tout ça. Le processus a été très calme pour moi, tout est arrivé assez lentement. J'ai eu le temps de me faire à l'idée que j'allais faire ce film, que j'allais incarner Superman. C'est quelque chose d'énorme de devenir à la fois Superman et de suivre les pas de Christopher Reeve. Ma priorité est donc de lui rendre justice ainsi qu'au personnage de Superman, et de ne pas marcher simplement dans ses pas. Je pense que ce rôle a toujours fait partie de ma vie depuis que j'ai emménagé à Los Angeles. Mon premier agent m'a avoué qu'il avait voulu travailler avec moi en rapport avec ma ressemblance avec Christopher Reeve. Il était persuadé que le jour où un film sur Superman serait en projet, le rôle me serait destiné. Cela remonte à 6 ans déjà, mais aujourd'hui j'ai changé d'agent.

Avant cela, personne d'autre n'avait mentionné votre ressemblance avec Christopher Reeve ?
Non, personne avant mon premier agent ne l'avait fait. Puis il y a eu la série Smallville qui cherchait un acteur pour incarner Clark Kent et j'ai auditionné. J'ai été rappelé, mais au final ça n'a rien donné. Alors je me suis dit que je n'aurai plus jamais l'opportunité de pouvoir un jour interpréter Superman. A l'époque le projet Superman Returns était entre les mains de Tim Burton et le rôle était destiné à Nicolas Cage. J'ai déménagé pour New York au moment où Smallville a débuté, il y avait Tom Welling partout. (rires) A ce moment là, j'étais plutôt dégoûté, mais maintenant c'est génial, j'ai même commencé à regarder la série.

Racontez-nous votre rencontre avec Bryan Singer.
C'était un vendredi et je me suis levé avec une horrible migraine. Je n'avais pas de travail ce jour-là. A 10h du matin, mon agent m'a appelé et je n'ai pas répondu au téléphone à cause de ce mal de crâne. Elle a continué de m'appeler et au bout d'un moment j'ai finalement décroché. Elle m'a alors annoncé que Bryan Singer désirait me rencontrer. J'étais sous le choc, mais j'avais déjà fait pas mal de démarche par rapport à ce projet et j'étais heureux d'avoir enfin un retour. Je l'ai rappelé pour demander de changer le rendez-vous à cause de ma migraine, mais il devait quitter le pays et ne pouvait pas me rencontrer à un autre moment, alors j'ai accepté. Heureusement, la rencontre n'a eu lieu qu'à 17h, dans un café. Je suis arrivé avant lui, on était tous les deux un peu nerveux. On a discuté de mes expériences et du projet durant une heure et demi au moins. Puis, il a appelé l'agent de Kevin Spacey et m'a proposé de venir faire une lecture. Il est parti pour l'Australie. J'avais de bons pressentiments suite à cette rencontre.

Quel a été le plus difficile pour vous de jouer : Clark Kent ou Superman ?
Superman. Je pense que la plupart des gens diront Clark Kent... au moment de l'audition il était plus difficile pour eux de jouer Clark que Superman. Je ressemble beaucoup à Clark et au fur et à mesure où le film avançait, je me suis rapproché de Superman, j'ai pris confiance en moi. J'ai interprété d'autres personnages ressemblant à Clark. C'est de la comédie et j'adore ça. Vous pouvez complètement sortir de vous-même et devenir une personne différente, mais c'est aussi une partie de moi. Jouer Clark a toujours été une partie de plaisir alors que le personnage de Superman a beaucoup plus de poids. D'un autre côté, il a beaucoup plus de chose à faire, comme sauver le monde par exemple. Il y a aussi cette scène à la ferme avec Martha où ce n'est pas vraiment Clark, mais Kal-El. En fait, c'est Superman sans la pression du costume, puisqu'il peut être celui qu'il souhaite face à sa mère.

Pouvez-vous nous parler de votre entraînement ?
Je m'entraîne depuis novembre 2004. Les costumes ne sont pas arrivés avant avril/mai 2005, donc j'ai eu près de 6 mois pour m'entraîner avant les essayages. Je m'entraîne toujours d'ailleurs. Le régime a cependant diminué, parce qu'il arrive un moment où votre corps ne veut plus continuer. Il suffit alors de maintenir un certain niveau sans trop se forcer.

Quelle a été votre réaction quand vous avez obtenu le rôle de Superman ?
Je n'ai su que 3 semaines avant qu'il y avait 99% de chance que j'obtienne le rôle. Il me restait une réunion. J'ai eu du temps pour y réfléchir. Alors quand j'ai finalement eu la réponse, la surprise a été moins grande. (rires) J'ai remercié la personne qui m'a annoncé la nouvelle. Il me semble avoir ensuite appelé mes parents pour leur dire.

Avez-vous grandi bercé par l'univers de Superman ?
Oui, complètement. A l'âge de 6 ans, j'allais voir Superman pour la première fois et je me suis habillé avec mon pyjama Superman et une cape appartenant à ma mère. Et je sautais partout dans la maison à l'idée de voir le film, j'étais tellement excité que je me suis donné la migraine. Mes migraines doivent être liées à Superman apparemment. Quand je suis vraiment excité pour quelque chose, je me provoque des migraines. Pour le coup, je me suis mis dans un tel état que j'avais l'estomac retourné pendant la première demi-heure du film. J'étais vraiment un fan incontesté de Superman étant enfant. J'ai vu les autres films par la suite. Puis mon intérêt a dévié vers le fantastique avec les écrits de Terry Brooks, Robert Jordan ou Terry Goodkind. J'ai toujours eu un grand intérêt pour cet univers, mais à présent je suis à nouveau plus attiré par la science fiction.

Avez-vous travaillé avec Bryan Singer sur des manières, des attitudes, la voix a adopté pour incarner votre personnage ?
Je joue avec mes lunettes tout le temps, je le faisais déjà avant d'ailleurs. Tous ceux qui portent des lunettes le font probablement. Après, c'était plus dans la manière de remettre mes lunettes en place. Pour Clark, il n'y avait pas de travail de posture, car je faisais les choses instinctivement. Par contre pour Superman, nous avons mis certaines choses au point. Nous avons travaillé avec un coach pour cela, ce qui s'est montré très utile dans ma manière de me tenir. Au départ, nous avons aussi fait un travail sur la voix. Puis nous avons découvert que ce n'était pas uniquement un problème de voix, mais essentiellement d'intention.

La plupart des gens peuvent se retrouver en Clark. Qu'avez-vous fait pour que Superman soit plus proche du public ?
Je pense que ce qui est intéressant dans ce film et le scénario, c'est lorsque Clark revient de son voyage. Il apprend ce qui a changé dans le monde durant son absence. Il se sent seul et n'est pas sûr de vouloir à nouveau utiliser ses pouvoirs. A ce moment là, il essaye de se connecter avec le monde, avec sa propre humanité. C'est un humain tout autant qu'un extra terrestre. Il veut faire partie du monde. Le film tourne entièrement autour de son humanité. Je pense aussi que son histoire d'amour est plutôt universelle : vous perdez la personne que vous aimez et vous voulez la récupérer. Tout ceci est très humain.

Avez-vous lu la collection de Comics Superman afin de vous préparer pour le rôle ?
C'était vraiment intéressant parce que j'avais la prestation de Christopher Reeve à étudier. Je m'en suis beaucoup inspiré, mais je ne voulais pas qu'il y ait une ressemblance directe avec ce qu'il avait fait du personnage. J'ai aussi lu les comics avant même d'avoir ce rôle. C'est en les lisant que j'ai réalisé que Superman avait été marié à Loïs. J'ai aussi regardé le dessin animé fait par Max Fleischer dans les années 40. J'ai toujours été amusé par ces histoires, par la manière dont Clark arrive toujours a retrouvé Loïs et à la sortir de situations délicates. C'était intéressant de regarder tout ça, afin de voir l'évolution du personnage à travers les années et de voir comment Christopher l'avait rendu plus réel. Je pense que c'est d'autant plus intéressant de transposer ce héros sur grand écran, car en étant interprété par un véritable acteur il en devient d'autant plus humain.

Parlez-nous de la première fois où vous avez revêtu ce costume ?
C'était vraiment bien, à part le fait que des tas de personnes soient autour de vous à vous observer sous toutes les coutures (rires). J'étais physiquement prêt, mais pas autant qu'aujourd'hui. C'était très révélateur. Instantanément vous avez l'impression d'être tout-puissant en le portant. Vous vous sentez plus fort et confiant à propos de votre corps. Et le plus important, c'est que je ne me suis jamais senti idiot en l'ayant sur le dos. Après tout, Superman est le roi, le dernier fils de Krypton, et c'est exactement ce que vous ressentez. Tout spécialement avec la cape. Je sais que ce costume est imposant, puisque certains enfants sont venus sur le plateau et ont été quelque peu effrayés en me découvrant dedans. Pourtant je ne pense pas qu'il soit effrayant.

Parlez-nous du travail avec Bryan.
Bryan Singer est génial ! Ce que j'aime chez lui, c'est qu'il autorise la créativité à tout moment. Il ne vous oblige pas à suivre des directives bien précises, il laisse une grande liberté. Ce qui peut être un peu perturbant au début, car je ne savais pas vraiment comment jouer. Tout planifier n'est cependant pas bon pour un acteur, car dans ce cas on se focalise sur ce que l'on fait sans être à l'écoute des autres. Cette manière de travailler m'a vraiment aidé et m'a permis d'être plus créatif, ce qui était nécessaire pour les scènes où je vole et lors desquelles je devais imaginer l'univers qui était censé m'entourer. Et nous avons aussi pu explorer les multiples facettes de Clark.

Bryan Singer dit qu'il a ressenti quelque chose lors de votre audition avec Kate Bosworth. Avez-vous ressenti la même chose ?
Oui, il y avait 5 autres filles qui auditionnaient pour le rôle de Loïs. Mais à la fin de notre lecture avec Kate Bosworth personne n'a parlé. On attendait que quelqu'un se décide à le faire. Tout le monde avait ressenti cette chose, mais personne ne pouvait vraiment expliquer ce dont il s'agissait. Maintenant, je sais qu'elle a apporté une véritable sincérité à ce personnage. Elle a parfaitement ressenti le lien entre Loïs et Clark.

Vous n'avez pas peur d'être catalogué ?
Au premier abord, c'est un élément qui m'a plutôt inquiété, mais à présent non. Il y a tellement de films qui sont réalisés aujourd'hui, il y a énormément d'opportunités pour moi. Et j'ai foi en ce dont je suis capable en tant qu'acteur afin d'être plus que ce personnage. Je suis conscient de cette idée de cataloguer les acteurs, mais je n'en ai pas peur.

Pouvez-vous nous parler des différences entre le Superman des premiers films et celui-ci ?
Depuis le premier film de Richard Donner la société a changé et Superman a suivi cette évolution. Dans les années 50, Superman était l'Amérique. Mais pour moi, c'est plus que ça. Superman est là pour sauver le monde et pas seulement les Etats-Unis. Ce film est probablement plus réel que tous les autres. Bryan Singer raconte une histoire d'amour avec de l'action dans lequel un homme avec des supers pouvoirs évolue. Je pense par conséquent que ce film n'est pas simplement une adaptation de comics, mais que c'est un film à part entière. C'est impressionnant de voir comment quelque chose qui est complètement irréel à l'origine vient d'ancrer dans la réalité.

Pensez-vous qu'il y a un aspect politique derrière le personnage de Superman et ce film ?
Je suis sûr qu'il y en a un. Il y a de nombreuse chose que l'on peut insinuer, c'est évident à plusieurs niveaux. On peut trouver pertinent par rapport au gouvernement, dans le fait que Superman fait des choses que les autres personnes n'approuvent pas forcément, mais qui ont pour but d'améliorer le monde. Mais la différence avec Superman, c'est qu'il ne ferait rien qui pourrait blesser quelqu'un. Son utilisation de la force n'inclus pas le concept de dommage collatéraux. Je pense que même si celui qui n'est pas d'accord avec les agissements de Superman est un brave gars sans importance, Superman continuera d'agir car il a un niveau de lucidité face à la situation qui est supérieur. Il sait pertinemment ce qui doit être fait.

Pensez-vous qu'il est possible de séparer l'icône culturelle que représente Superman de son personnage de fiction ?
Encore une fois, je pense que Superman devrait être plus qu'une représentation de l'impérialisme américain. Superman n'est pas un esprit simple. Il ne se soucie pas uniquement des Etats-Unis, même s'il a été élevé au Kansas et qu'il aime ce pays. Il sauve le monde, pas uniquement l'Amérique. Superman ne serait pas aussi impressionnant s'il n'avait pas une résonance internationale. Bryan Singer parle de Superman comme de "l'immigrant ultime".

Posté par stephany - Source